JEAN-MICHEL ALBEROLA
NÉ EN 1953 À SAÏDA (ALGÉRIE). VIT ET TRAVAILLE À PARIS (FRANCE).
Après des études à L'École des beaux-arts de Marseille, Jean-Michel Alberola est invité pour la première fois pour une exposition personnelle en 1982 à la Galerie Daniel Templon à Paris sous le titre Suzanne et les vieillards. Cette exposition signe le commencement d’une œuvre aux influences hautement personnelles, inspirée par des origines espagnoles et par la tauromachie, par une naissance en Afrique du Nord, une vie en France, mais aussi un intérêt pour la mythologie et la Bible, en particulier à travers deux histoires de regard, de voyeurisme et de mort : « Suzanne et les vieillards » et « Le Bain de Diane ».
De cette dernière histoire, l’artiste retient le nom d’Actéon, chasseur mythique de Thèbes, qui ayant surpris Artémis nue au bain, perd la vue puis, transformé en cerf, est dévoré par ses chiens. Alberola signera ses œuvres du nom d’Actéon jusqu’en 1987.
Les références religieuses – l’artiste dit que la peinture est catholique – s’expriment quant à elles de différentes façons. Pour son exposition Avec la main droite (Centre Georges Pompidou, 1994), il explore le thème de la crucifixion et de la souffrance du Christ, en y conférant une dimension plus universelle, métaphorique, de la souffrance de l’homme.
Son travail pictural allie les styles abstrait, figuratif et conceptuel, mais malgré cette variété apparente, le travail d’Alberola trouve sa consistance en ce que chaque thème est exploré de façon quasi exhaustive à travers de nombreuses représentations, souvent fractionnées.
Ses vidéos, sculptures et installations ont elles aussi pour thème la peinture, même si elles n’en sont pas. Ceci est particulièrement perceptible dans ses œuvres d‘inspiration non occidentale, comme celle qu’il expose en 2002 lors des Rencontres Accumulées du Palais de Tau à Reims : Commerce, un mur consacré à l’Afrique, est composé de pastels représentant chaises, objets sacrés, objets de commerce. Il est posé face à une grande maquette de la Cathédrale d’Orléans – dans un face à face du contraste qui peut parfois aller jusqu’au malaise : en 1997 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Magnolias for ever de Claude François vient accompagner l’installation de Suzanne et les vieillards, à proximité d’autres tableaux représentant des baraques des camps de concentration d’Auschwitz et de Birkenau et une canne blanche, symbole de ce qui ne guérit pas.
La dimension historique est essentielle à l’œuvre d’Alberola, non seulement dans le souci de l’inscrire dans la grande histoire, dans l’histoire de l’art, mais également dans la manière dont celle-ci se détache des courants artistiques des années 80, comme la Figuration Libre.
« J’aime l’égalité entre la grande et la petite histoire. La peinture est une combinaison des deux. Je veux mettre dans chaque tableau un élément d’histoire personnelle. » (Libération, 28 mars 1984).